Rozhovor s Valorem, 2000 (ve francouzštině)

Napsal DekadenteMorfin (») 31. 5. 2009 v kategorii Christian Death, přečteno: 1732×
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Christian Death

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23/11/2000 - Elysée Montmartre, Paris

 

Depuis dix ans, Christian Death a quitté définitivement les préoccupations d'un public originel fasciné et acquis majoritairement à la magie du Death Rock du disparu Rozz williams.
Emmené par la nouvelle bassiste Maitri et le ténébreux et très discuté Valor, le Christian Death actuel s'est fait connaître davantage pour sa versatilité que ses coups de génie.
Alors que sort " Born again anti christian ", Christian Death confirme son virage metal sans renoncer à ses thèmes de prédilection : sex, death, & fuckin'god. Si le propos reste assez prévisible, il n'empêche que l'occasion de voir Chrisian Death en chair et en os attise toujours les curiosités, à défaut d'un intérêt croissant pour une production discographique plus prolifique que jamais.
L'heure est à la décadence.
Retour sur un passé plus que glorieux. Culte.
Elysée Montmartre- 23 novembre 2000 - 17h
Les roadies se bousculent sur la scène, l'heure est au speed. Un gros barbu de l'équipe technique nous indique que c'est au tour de Christian Death de faire la balance. Sur la scène, un individu fait un petit signe de la main.
" Hello ". L'allure est familière. " I'm Valor ". Stupéfaction. Le regard masqué par l'ombre d'une casquette militaire, les cheveux noués sous un foulard rouge, et le treillis fièrement arborés rendent l'homme méconnaissable. A l'image de ce qu'on verra plus tard sur scène (Christian Death sur scène ne ressemble plus vraiment à Christian Death - cf chronique), Valor lui aussi a changé, radicalement, mais dans l'autre sens.
Si le ton des chroniques présentes dans ObsküR[e] vise volontiers la surenchère satirique, cela ne doit pas masquer un état de fait vérifié de facto. Il est réellement surprenant et plutôt agréable de converser avec un Valor libéré de son joug sarcastique et pervers, à mille lieues des a priori et des craintes qu'on ressentait avant l'interview.
Presque chaleureux, Valor paie sa tournée et répond sans fausse modestie ni vanité à une interview au travers de laquelle il dépeint sa vision de Christian Death, un groupe devenu sa propriété sans que la revendication de son emprise sur les choix artistiques et l'éventuelle postérité du groupe devienne caricaturale.

Photo de Christian Death

- ObsküR[e] : On ne doit pas manquer de vous poser la question des raisons de ce retour. L'an dernier, vous annonciez que la tournée " Pornographic Messiah " serait la dernière, et vous avanciez comme raison principale la Fin du Monde annoncée par nostradamus. Quelles sont les raisons qui ont présidé à cette renaissance ?

- Valor : J'avais expliqué qu'en fait, cette tournée serait " la dernière du Millenium " pour Christian Death. C'est tout ce que j'ai exprimé, il tenait au spectateur d'interpréter ces dires de manière restrictive. Seul l'espace temps déterminé impliquait, mais n'excluait pas une suite possible. Le Millenium terminé, une nouvelle ère a commencé. Et les gens ont interprété cela comme le fait qu'ils ne nous verraient plus en concert. C'était une erreur.
C'est pour cela que nous avons fait " Born again anti christian ". Nous voulions donner une suite, et nous aimons ce que nous avons fait sur ce disque. Nous voulions tenir le bébé en vie, quitte à le... torturer un peu (rire).

 

- Vous avez choisi de travailler désormais avec le label Candlelight, qui a sorti le nouvel album ainsi que les rééditions de vos anciens travaux. Cette structure est plus connue pour spécialité, le Black Metal. Cela signifie-t-il que vous intéressez plus particulièrement à ce style et que vous comptez utiliser certains de ses ingrédients dans vos travaux futurs ?

- Non, ce n'est pas la raison qui nous a fait signer chez Candlelight. En fait, ce label était celui qui nous promettait le plus de moyens pour la promotion de notre musique. Et je pense réellement que le disque le méritait, c'est le meilleur que nous ayons commis depuis très longtemps. Candlelight, c'est vrai, est spécialisé en Black Metal mais sa nouvelle politique consiste à développer des choses différentes de ce seul genre. Je n'aime pas qu'on essaie de cataloguer Christian Death. A une époque, certains nous ancraient dans le gothique, les mêmes décident aujourd'hui que nous serions " gothic metal ".
Nous somme juste " Christian Death ", rien de plus, rien de moins. Notre musique évolue, change sans arrêt de forme ; c'est assez chaotique, en fait. Nous composons des choses posées, voire ambiantes, puis l'humeur change, nous passons immédiatement à quelque chose de plus dur, plus sombre, comme aujourd'hui. A chaque fois que notre style subit de type de mutations, tout le monde est stupéfait. Quoique nous fassions, il en a toujours été ainsi.
Que nous fassions un disque qui revienne aux origines ou qu'il soit carrément expérimental ne change rien au fait qu'on ne satisfera jamais tout le monde. La seule chose qu'il nous reste à faire, c'est rester soi-même, s'assumer. On ne veut pas subir de restrictions, se retrouver victimes d'assimilations ou de classements réducteurs et arbitraires.
On tient vraiment à s'exprimer dans toute la variété qui imprime notre style, et cette tournée est la première qui nous fait ouvrir pour un autre groupe. En l'occurrence, il s'agit de Cradle Of Filth, et c'est très intéressant car nous avons des auditoires très différents. C'est un test pour Christian Death ; nous allons connaître la réponse à la question de savoir si les caractéristiques de notre musique ne lui interdisent une public différent.
Le contexte de cette tournée est lui-même particulier pour moi : j'aime Cradle Of Filth, leur son, leur originalité, l'imagerie qu'ils développent. Ces gens ont des choses à dire, je les considère comme des amis. J'apprécie tout autant Emperor, qui sont sur Candlelight, leur dernière video m'a littéralement suffoqué...
A côté de cela, tu sais, je n'écoute pas énormément de Black metal. J'ai autrefois été très influence par le mouvement Death mais aujourd'hui j'en suis un peu fatigué. Mon esprit reste ouvert toutefois : en ce moment, je reste " scotché " sur Morbid angel. J'intègre inconsciemment toutes ces sources, mais le groupe continue à faire ce qu'il a à faire, à sa manière.

Photo de Christian Death

- Le premier album que vous ayez écrit sans Rozz Williams ("Atrocities") ne mettait pas particulièrement en évidence l'intérêt que vous affichez aujourd'hui pour les genres issus du Metal...

- C'était pourtant bien présent, déjà. Simplement, je pense que l'écriture de " atrocities " a intégré cette optique hors des schémas qui gouvernaient le genre à l'époque. Nous essayions déjà de nous projeter, et il me semble que ce disque était en avance sur son temps. Nous ne voulions pas sonner comme un groupe " eighties ", comme AC/DC ou Guns N'Roses... Ainsi, cet album, de par le contexte, n'a pas été perçu comme un disque de " metal " à proprement parler. Mais depuis, les années 90 ont fait progresser ce mouvement musical hors des sentiers battus, et je reste persuadé que " Atrocities " préfigurait par certains de ses aspects l'état du genre arrivé où il est aujourd'hui.

 

- Vous êtes de toute manière perçus aujourd'hui comme une groupe Metal, avant tout...

- J'ai toujours aimé le Metal, en même temps je l'ai toujours détesté. J'aime cette musique, mais je n'apprécie guère certaines des personnes qui s'occupent de sa promotion et de sa diffusion. Je n'ai jamais accepté la récupération, les compromis, la vénalité. Je hais ceux qui ont trahi le genre, qui l'ont standardisé ; je hais tous ces groupes qui ont suivi l'exemple de Scorpions. Une telle démarche est sans intérêt et, au delà de ses ambitions mercantiles, tue le genre (Valor singe alors le cliché du chanteur heavy hurlant et déhanchant ses doigts à toute vitesse) : elle calibre l'émotion et ne vise souvent que la performance technique.
J'aimerais que ma musique représente une alternative, même ténue, qu'elle soit une porte ouverte vers de nouvelles émotions. Certains verront dans l'agressivité du dernier album un genre, je préfère y voir plus abstraitement le reflet des subjectivités respectives de Maitri et moi-même.

 

- Depuis quinze ans, vous écrivez pour Christian Death. Quels souvenirs gardez-vous de vos premiers pas dans le groupe ?

- Quand j'ai commencé à composer, j'étais encore au collège...

 

- C'est à cette époque qu'est sorti le disque de votre premier groupe, Pompei 99...

- Oui, mais ce disque n'était pas sérieux, les chansons ne sont pas bonnes. Nous n'avons commencé à écrire des choses meilleures qu'en entrant au lycée. A l'époque de Pompei 99, nous n'étions pas mûrs, et avions très peu d'argent. Je n'ai rejoint Christian Death qu'au sortir du lycée. C'était une expérience nouvelle, très importante. J'ai fugué, ma mère est restée sans nouvelles pendant plusieurs mois, je suis parti pour Hollywood puis pour l'Europe.
J'ai passé trois mois en France. Durant cette période, Christian Death a donné dix-neuf shows dans les six premiers mois de notre arrivée sur le continent, dont trois sur Paris. Mais... nous étions si jeunes, si inexpérimentés... Nous n'avions pas vraiment conscience des tenants et aboutissants. C'est une période confuse.

 

- La longue vie du groupe l'a amené à travailler au fil des ans avec un nombre de labels ompressionnant. Est ce qu'aujourd'hui, vous parvenez à contrôler la distribution et la vente de votre œuvre, et quel style de rapports entretenez-vous avec toutes ces structures ?

- Il est impossible de faire face. C'est... très difficile (long soupir). Su tu veux récupérer l'argent qu'on te doit, tu doit payer un avocat, et tu n'es jamais sûr de gagner. C'est un système pernicieux, et nous n'avons pas les moyens de poursuivre chaque fois qu'il le faudrait ou que nos droits sont mis en cause. Nous connaissons des problèmes avec de nombreux labels, comme Jungle records, Century Media, ou Richard International, un label de New York.
Nous voudrions stopper cela, mais c'est impossible matériellement. Si tu as le droit pour toi, encore faut-il avoir les moyens de le faire appliquer. Si tu veux faire payer quelqu'un, cela te coûte, et les juristes sont chers. On a un peu abandonné, sur ce plan-là.

Photo de Christian Death

- Vous vivez dans le Maine. La police vous a rendu visite durant le dernier enregistrement. Que s'était-il passé ?

- Ils sont venus car nous avions des problèmes avec les chrétiens qui vivaient alentour, et qui sont très présents et actifs dans la région. Le sud de l'Amérique est une région très primitive ; l'endroit où je vis, en outre, ne compte pas plus de sept cents personnes. C'est très petit, et très conservateur. Vous n'y voyez jamais personne, c'est un endroit fermé au monde. Notre attitude pose un problème à certaines personnes issues des églises en place, qui ont propagé des rumeurs à notre sujet. Les policiers venaient chercher de la drogue chez, mais nous n'en avions pas. Par contre, nous avions des armes, c'est vrai. Nous aimons jouer avec (NDLR : mouais mouais mouais...). Cela a suffi pour que le rapport de police nous qualifie de " dangereux ".

 

- Comment percevez-vous, de manière générale, le système américain, et pensez-vous qu'il a un avenir ?

- Ce système est construit autour du respect des libertés individuelles, mais contient en germe sa propre contradiction. L'éventuelle possession d'armes par le citoyen est régie par un cadre constitutionnel et réglementaire. Ceci pose problème car, sous prétexte d'instaurer une liberté, on induit à travers elle le germe de la violence. Je suis moi-même acteur du système, je tiens à ce que mes droits soient respectés, je possède des armes. Et je ne céderai pas. Ce système est peut-être lui-même un leurre, je ne sais pas. Je n'ai pas le recul suffisant. Une part de moi s'y retrouve.

 

L'imagerie employée par Christian Death, frisant récemment avec la pornographie et de tous temps avec les clichés les plus éculés, a donné une image décalée du groupe.
Au-delà de tout ce que les médias ont pu comprendre du propos général du groupe, il convient de préciser que Valor n'a jamais appelé au satanisme, et que sa conception ne critique les religions qu'en aval des postulats chrétiens. Ce n'est pas tant l'existence ou la parole de Jésus qu'il remet en cause, mais bel et bien l'institutionnalisation de cette pensée en dogme, relayé par autant de structures d'endoctrinement, officielles ou non.

Valor apprécie le poids de la religion en la remettant dans une perspective historique qui privilégierait les violences commises par les représentants de Dieu. Le leader de Christian Death en appelle à la notion de libre arbitre : il s'agit de donner une nouvelle autonomie à la pensée humaine face aux dogmes, et permettre ainsi la remise en cause perpétuelle de ceci.

 

- Comment s'est développée, tout le long de votre vie, votre vision sur le pouvoir de la religion ?

- Quand j'ai commencé à faire de la musique, j'avais quinze ans. Je ne savais rien, ne me projetais pas. Je restais focalisé sur l'adolescence, les filles qui m'entouraient... C'est le moment de l'intégration dans Christian Death qui correspond à ma maturation, je pense. Entre seize et dix-huit ans, j'ai rencontré des personnes, vu des choses. Ces deux premières années de tournée ont été cruciales.
J'ai pris conscience à ce moment de ma propre responsabilité face aux évènements, une responsabilité qui s'aggravait de par ma relation à un public. J'étais sujet d'attention, j'ai commencé à réfléchir sur les choses. Etre enfant, c'est souvent synonyme de sécurité.
L'éveil correspond au passage au stade d'Homme. Quand je me suis ouvert au Monde, je me suis senti concerné immédiatement par la question de son devenir. J'ai fondu ma démarche musicale dans une optique plus large, car j'ai pensé que c'était un media puissant que je pouvais mettre au service de mes idées. Mon écriture est devenue plus... " spirituelle ", elle résultait de mon implosion suite à mon " absorption " du Monde. Tous les gens qui venaient aux concerts étaient autant de petits miroirs dans lesquels je me projetais, pour me transformer moi-même en miroir.
Je pense aujourd'hui que je savais ce que je faisais. J'en ai pris depuis l'habitude, mais il reste dans tout cela une part de non-contrôle et dont toute analyse est exclue. C'était du ressort de l'instinct au départ ; aujourd'hui, je contrôle peut-être davantage, je me connais mieux.

Photo de Christian Death

- Les changements de personnel au sein de Christian Death ont été innombrables. Comment avez-vous vécu ces fragmentations incessantes ? N'ont-elles pas été un frein au maintien de vos choix artistiques ?

- Ces évolutions se sont faites suivant des choix qui me sont propres, ou qui en général découlent de ma vision du groupe. Rozz avait construit les fondements, et lorsque je suis arrivé, c'est la seconde partie de l'histoire de Christian Death qui a commencé. Quand je travaillais avec Rozz, on m'a abandonné l'entière composition musicale, j'avais un poids important sur l'esthétique sonore. Rozz, lui, gardait le contrôle des thématiques textuelles, je donnais mon assentiment en aval.
En fait, j'ai toujours gardé le contrôle de la plus grande partie de l'ensemble, dès mon arrivée. Je n'ai jamais été mis en concurrence par qui que ce soit au sein du Death. La raison pour laquelle les gens quittaient le groupe tenait au fait que je n'aimais pas ce qu'ils voulaient y apporter, et que je ne leur laissais pas la liberté de s'exprimer comme ils l'auraient souhaité.
Il y a aussi un autre cas : celui des personnes pour lesquelles Christian Death ne devait être qu'une expérience, et dont le caractère les inclinait au changement.En fait, Maitri est la première personne à s'investir plus que moi depuis 1990. Son approche artistique arrive aujourd'hui à maturité, j'aime beaucoup ce qu'elle fait. Ce n'est pas encore comme si elle était vraiment mon égale, parce que je contrôle toujours ce qui arrive au groupe. Je cherche simplement quelqu'un capable de faire mieux que moi en ce domaine, et... c'est peut-être ce qu'elle va finir par faire. Je ne l'exclue pas ; j'en suis même heureux. Elle chante de plus en plus, plus encore que moi sur scène.

 

- Le fait d'avoir été un couple dans la vie vous donne-t-il une manière spécifique de travailler par rapport à la façon dont vous opériez avec les formations précédentes ?

- Nous sommes tous deux des êtres différents, séparés. La vie de chacun lui appartient, mais quand nous nous rencontrons, nous devenons Christian Death. Elle a rejoint le groupe lorsqu'elle avait quinze ans, sa vie en résulte et s'y réinvestit dans un mouvement continu.

 

- Quels étaient les buts que visait l'enregistrement de " Born again anti christian " ?

- Nous sommes les spectateurs impuissants d'un déclin programmé, et cette année 2000 n'est que la poursuite d'un processus dans lequel nous avions inscrit notre vision. Les constats que nous faisons se renforcent à nos yeux, et mes obsessions, ma fureur devant l'emprise de la religion arrivent encore à croître.
Mes chansons continuent d'explorer ces obsessions, même si mon rôle de chanteur s'est amenuisé. Sur " Born again anti christian ", notre méthode de travail et son exécution ont évolué : Maitri chante mes textes, notre collaboration parvient à un stade fusionnel. Maitri me donne sa force, je pense que c'est ce qui régénère le groupe. Elle est courageuse et volontaire, elle me pousse dans mes retranchements. Au début de l'album, nous avions des intentions plutôt expérimentales, et nous vivions une situation nouvelle, le bonheur d'avoir réussi à nous débarrasser des drogues tout en constatant que notre niveau de créativité ne s'affaissait pas.
Notre implication s'est hissée à un niveau jusqu'ici inédit, et nous avons mis le label au pied du mur.Ils n'aimaient pas l'album, on a été inflexible : " si vous ne voulez pas de cette musique, vous n'aurez pas de disque ". On a défendu l'album bec et ongles, parce qu'on estimait avoir fait preuve de perfectionnisme.Désormais, on se concentre sur l'enregistrement du nouvel album après la tournée du printemps 2001. A priori, un album live devrait suivre, on n'a rien sorti dans le genre depuis " Amen ".

- Une dernière petite chose : quel souvenir aimeriez-vous que les gens gardent du groupe, lorsque Christian death ne sera plus là ?

 

- L'idée que Christian Death est une entité par soi-même. Que cela ne soit assimilé à aucune personne physique, que ce soit quelqu'un d'autre ou moi-même en particulier. Nous voudrions que le Monde perçoive cette entité comme l'ayant encouragé à ouvrir les yeux, percevoir les choses autrement.
Nous avons toujours tendu à la libération des esprit hors du joug des dogmes, qu'ils soient religieux ou autres.

 


 

Emmanuël

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